Le roi David
Pourquoi ce bruit au milieu des nations,
Quelle folie ou quel rêve les mène ?
Le monde entier soulevé d’ambitions
Est maintenant poussé par la plus vaine.
Les voilà donc, les grands rois de la terre,
Les gens puissants, leur but est bien précis :
Ils sont ligués pour déclarer la guerre
Contre Dieu tous, et contre son Messie.
L’homme ose dire : « Arrachons, détruisons
Le joug auquel ils voudraient nous soumettre ;
Croient-ils pouvoir nous tenir en prison ?
L’humanité n’admet plus Dieu pour Maître ! » –
Il rit, Celui qui dans les cieux habite,
Se moquant bien de ces déclarations.
Le Seigneur voit ces foules qui s’agitent,
Et balaiera leurs folles prétentions.
Quand il lui plaît, c’est Lui qui parlera
Dans son courrroux plus que tout redoutable.
Le monde entier stupéfait frémira,
Se découvrant tout à coup misérable ;
Et Dieu dira : D’où vient cette entreprise ?
N’ignorez plus que j’ai fait élection
De mon vrai Roi, et que je l’intronise
Sur mon très saint et haut mont de Sion.
Et moi qui suis le Roi qui lui ai plu,
Je publierai la loi qu’il m’a donnée ;
C’est qu’il m’a dit : Tu es mon Fils élu,
Je t’engendrai cette heureuse journée.
Demande-moi, et pour ton héritage
Tous les pays deviendront tes sujets,
Et ton empire aura cet avantage
Que sur le monde entier je l’étendrai.
Car la justice en ta main fleurira,
Sceptre de fer domptant les indociles,
Les soumettant dès que tu le voudras,
Ou les brisant comme un vase d’argile.
— Maintenant donc, ô vous tous, rois et princes,
Soyez meilleurs, plus sages gouvernants ;
Juges aussi, des pays, des provinces,
Instruisez-vous enfin en l’écoutant.
Ayez pour but de servir le Seigneur,
Cherchant sans cesse avant tout de lui plaire ;
Soyez joyeux d’être ses serviteurs,
Et redoutez surtout de lui déplaire.
Rendez homage au Fils qui’il vous envoie
Pour éviter son juste châtiment ;
Si vous preniez une mauvaise voie,
Vous péririez trop malheureusement.
Car tout à coup son courroux rigoureux
S’embrasera sans que rien le retarde.
Combien alors ceux-là seront heureux
Qui seront mis sous sa sauvegarde.
La traduction de Clément Marot a été adaptée par Marc-François Gonin. Ce texte est tiré du recueil, Les psaumes de David. Mis en rime Françoise par Clément Marot et Théodore de Bèze. Adaptation en français actuel par Marc-François Gonin, Vida, Nîmes, 1998, p. 2-3