Réponse à Nicolas Sarkosy
C’est par ces propos de Monsieur Sarkosy qui lui a accordé un entretien que la Dépêche du Midi du 3 février titre sur toute sa première page.
On veut bien croire que Monsieur Sarkosy n’a pas pesé tout le sens de cette formule, pas plus que Monsieur Chirac lorsqu’il rappelle fréquemment que « la loi morale ne saurait l’emporter sur la loi civile ».
Cette formule cependant est révélatrice d’une totale rupture avec les fondements de notre civilisation : avec ses racines grecques qui enseignent avec Sophocle que la Loi des dieux, la Loi morale est au-dessus de la loi du Tyran, avec le Décalogue commun aux juifs et aux chrétiens, ces dix commandements dont le respect doit inspirer toutes les lois et qu’aucune, pour le moins, ne doit violer.
« L’ordre public, pas l’ordre moral » c’était dans la pratique le souhait de la pire des bourgeoisies, du pire des capitalismes, uniquement soucieux de l’ordre par les affaires, et de la respectabilité de façade. « L’ordre public, pas l’ordre moral », plus tragiquement encore, c’était et c’est le discours constant des régimes totalitaires et athées persécutant les religions et niant les valeurs morales qu’elles transmettent. C’était une des composantes idéologiques essentielles aussi bien du communisme que de son frère jumeau ennemi, le nazisme.
Le conformisme de nos médias, de nos spectacles, de nos « intellectuels », de nos politiques, consiste à tourner en dérision toute morale. Faut-il s’étonner alors de la barbarie montante, de la violence, de la drogue, des viols et des tournantes ? Le moralisme qui est une morale caricaturale était certes souvent insupportable. Mais l’immoralisme qui est aujourd’hui la règle nous fait retomber dans la barbarie. Pas d’ordre moral, Monsieur le Ministre, alors il vous faudra prévoir encore et encore, toujours et toujours plus de policiers ! Pas d’ordre moral ? Alors je ne donne pas cher de votre ordre public !
Bernard Antony
Finalités, août-septembre 2003