Ce matin, je désire ouvrir avec vous la Confession de foi de notre Église réformée baptiste, ici à Lausanne. Il est important de se rappeler que la confession de la foi fait partie intégrante de la vie chrétienne. Paul nous dit, en effet, dans Romains 10:9 : « Si tu confesses le Seigneur Jésus de ta bouche, et que tu croies dans ton cœur que Dieu l’a ressuscité des morts, tu seras sauvé ». Vous avez sans doute remarqué que pour l’apôtre Paul, la confession de foi vient avant la croyance du cœur. La foi chrétienne n’est donc pas, en premier lieu, privée ou personnelle (le cœur), mais confessante, publique et communautaire.
La Confession de foi de l’Église Réformée Baptiste de Lausanne commence par ces mots : « Étant dans la ligne historique de l’Église Chrétienne. »
Première chose à souligner concernant ce préambule, c’est que nous désirons démontrer par lui que notre Église a une histoire, que cette histoire a une ligne directrice et que notre Église locale n’est pas le fruit d’une nouvelle révélation, mais le fruit de l’histoire. D’où notre nom d’« Église Réformée Baptiste de Lausanne », c’est-à-dire que nous sommes une assemblée de croyants confessants, une Église qui est attachée aux doctrines de la Réforme. Deuxième élément qui est à souligner, ce sont les mots « Église Chrétienne » qui sont imprimés en majuscules. Nous croyons donc que l’Église fidèle existe. Et que notre Seigneur a pourvu au cours des siècles à sa sanctification. D’où la formulation qui suit : « nous sommes attachés aux doctrines bibliques telles quelles sont enseignées dans : Le Symbole des Apôtres, le Symbole de Nicée… »
Je souligne le mot « attachés ». Nous ne croyons pas que les textes qui viennent d’êtres mentionnés sont la Parole de Dieu, comme l’est la Bible elle-même, mais nous croyons que l’Esprit Saint a donné à l’Église fidèle, au cours des siècles, des enseignants, des pasteurs pour notre édification commune et qu’aujourd’hui encore ces différents ministres donnés jadis par Dieu à l’Église nous enseignent toujours par leurs écrits. Il nous faut utiliser l’histoire de l’Église pour notre sanctification.
Aujourd’hui, je vais commencer par le début, c’est-à-dire prendre le premier texte cité dans notre Confession de foi, à savoir le Symbole des Apôtres. Nous le trouvons à la fin de la Constitution de notre Église, dans la quatrième partie qui s’intitule « documents ». Contrairement à ce qu’indique son nom, ce Symbole n’est pas en fait un texte apostolique, c’est-à-dire qu’il n’a pas été rédigé par les Apôtres comme ce fut le cas pour le Nouveau Testament, mais il est né vers la fin du deuxième siècle mais le premier témoignage sa forme définitive remonte au huitième siècle. C’est pour cela qu’il serait plus juste de dire « Le Symbole dit des Apôtres ». C’est également pour cela qu’il ne fait pas partie de nos Bibles. Ce texte était utilisé comme confession de foi lors des baptêmes. Il est reconnu par les Églises catholique, réformée, mais pas par les Églises orthodoxes.
Le mot, symbole vient d’un mot grec qui signifie « jeter ensemble » et il renvoie à une pratique courante dans l’Antiquité. Pour sceller une alliance entre partenaires, on brisait un objet en autant de morceaux qu’il y avait d’associés. Chacun recevait un morceau qui pouvait servir ultérieurement de signe de reconnaissance permettant d’authentifier un représentant éventuel de l’alliance constituée par ce geste. Le Symbole des Apôtres est donc cela : plusieurs affirmations mises ensemble comme signe de reconnaissance et de communion entre les croyants. Mais lisons ce symbole et ensuite j’en ferai un commentaire succinct :
« Je crois en Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre. »
Beaucoup de gens croient en Dieu, mais peu connaissent le Père tout-puissant. C’est pour cela que ce Credo ne s’arrête pas à simplement à dire « Je crois en Dieu », mais précise dès le début de quel Dieu il s’agit. Il commence par confesser que le Dieu auquel nous croyons est Père. Qui dit père, dit forcément enfant. Dieu n’est donc pas un être solitaire, mais familial. Ce Credo commence par Dieu le Père, car il est le premier de la Sainte Trinité. C’est le Fils qui est l’image du Dieu invisible et non l’inverse. Mais le Credo ne s’arrête pas là. Il nous fait comprendre que ce Père est le Tout Puissant, c’est-à-dire que rien ne lui est impossible. Il fait ce qu’Il veut, quand Il le veut et n’a de comptes à rendre à personne. C’est d’ailleurs ce qu’Il fit lorsqu’Il créa le monde. Le Credo le souligne. Il est le Créateur du ciel et de la terre. Tout ce qui existe vient de Son acte de création. Il n’a demandé l’avis d’aucune de ses créatures avant de les créer ! Dieu, qui est le Père tout-puissant, crée tout à partir de rien. Voilà le Dieu de ce Symbole. Qu’une telle connaissance nous pousse à adorer un Dieu si majestueux !
« Je crois en Jésus-Christ, son Fils Unique, notre Seigneur »
Ce passage nous fait rentrer dans l’intimité de la Famille Divine. Il confesse que le Père a un Fils, un Unique Fils et que ce Fils est Seigneur. Nous avons ainsi un Seigneur au-dessus de nous. Le nom de notre Seigneur est Jésus-Christ, Jésus signifiant « Dieu Sauve » et Christ signifiant « Messie ». En ce nom « Dieu sauve et Messie », ce sont toute la gloire de sa Personne et toute la gloire de son œuvre qui sont réunies.
« qui a été conçu du Saint Esprit et est né de la vierge Marie. »
Ce passage souligne la conception miraculeuse de Jésus-Christ homme. Il est de conception Divine et pourtant il naît d’une femme. Le Fils est venu dans ce monde de la même manière que tout autre homme, en naissant. Mais son existence ne dépend pas de l’homme puisqu’il est né d’une vierge. Nous comprenons par là que Jésus-Christ partage en tout, notre condition, mais demeure à jamais le Fils Unique du Père.
« Il a souffert sous Ponce Pilate ; Il a été crucifié, Il est mort, Il a été enseveli ; Il est descendu au séjour des morts »
Ce passage souligne la véracité historique des souffrances et de la mort de notre Seigneur. Lui, dont la conception était miraculeuse, souffre et meurt comme un coupable. Combien est important ce fait historique, signalé par l’expression « sous Ponce Pilate », pour que les auteurs en soulignent chaque étape de la mort du Seigneur : souffrance, crucifixion, mort, ensevelissement, séjour des morts ! Nous disons à Pâques : « Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité ». Mais nous pourrions dire le vendredi saint : Christ est mort, il est vraiment mort, car il est même descendu au séjour des morts et son corps est resté trois jours dans le tombeau.
« Le troisième jour, il est ressuscité des morts ; Il est monté au Ciel ; Il s’est assis à la droite de Dieu, le Père tout-puissant, »
Fondamental : trois jours après, contre toute espérance, notre Seigneur Jésus-Christ ressuscite. La mort n’a pu le garder. Il est sorti corporellement, vainqueur du tombeau. Et même notre monde ne peut le garder. Il s’en va au ciel, s’assied, car il a accompli l’œuvre que Dieu lui avait donné d’accomplir. Maintenant, un homme, notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, est dans la plus haute position dans le ciel, étant à la droite de Dieu le Père tout-puissant.
« Il viendra de là pour juger les vivants et les morts. »
C’est donc là qu’Il est actuellement et c’est de là qu’Il reviendra. Il reviendra comme Juge pour un jugement : le jugement dernier. Nous y serons tous. Même la mort ne pourra nous empêcher d’être jugés.
« Je crois en l’Esprit Saint, je crois la sainte Église universelle, la communion des saints, la rémission des péchés, »
Le Saint Esprit, Troisième Personne de la Trinité est Celui qui nous communique tous les bienfaits de l’œuvre du Christ. C’est Lui qui rassemble le peuple de Dieu au cours des âges et sur toute la terre. C’est pour cela que nous confessons que l’Église est universelle. C’est le Saint Esprit qui nous donne d’être en communion les uns avec les autres et avec Dieu. C’est enfin Lui qui nous communique tous les bienfaits de la croix. Sans Lui, pas de Bible pour nous faire connaître l’œuvre de Jésus-Christ, pas de conversion, pas de persévérance, en fait pas de salut possible. Le salut est donc bien une œuvre Trinitaire.
Il est intéressant de relever que la rémission des péchés, c’est-à-dire le pardon des péchés, arrive en fin de confession. Aujourd’hui beaucoup annoncent cela en premier. Cela prouve que ceux qui ont rédigé ce Credo avaient bien compris le salut. Car c’est uniquement lorsque nous réalisons qui est Dieu et qui nous sommes, que nous arrivons à comprendre notre totale perdition et que nous en appelons à la grâce souveraine de Dieu en Jésus-Christ par la puissance de l’Esprit Saint.
« la résurrection de la chair et la vie éternelle. »
Voilà toute notre espérance ! Pas seulement une résurrection spirituelle, mais une résurrection de la chair. Tout Michel Bonjour ressuscitera, et cela éternellement. Nous serons vivants à toujours. Pas seulement en vie, mais vivants et bien en chair. Voilà ce que je désirais partager avec vous concernant cette confession de foi historique à laquelle nous nous rattachons.
Michel Bonjour
Église Réformée Baptiste de Lausanne, lors du culte du dimanche 24 avril 2005.