Psaume 52

De David

Dis-moi, malheureux qui te fies
En ton autorité,
D’où vient que tu te glorifies
De ta méchanceté ?
Quoiqu’il en soit, le bon secours
De Dieu poursuit son cours.

Ta langue complote sans cesse
Et semble proprement
Un rasoir affilé qui blesse
En coupant finement.
Le mal te plaît plus que bonté,
Et plus que vérité.

A tous propos qui peuvent nuire,
Voilà que tu te mets ;
Aussi Dieu viendra te détruire,
Langue fausse, à jamais.
Arbre sans fruit, coupé par Dieu,
Jeté loin de ton lieu.

Méchant, jusques à la racine
Tu seras arraché.

Les justes, en voyant ta ruine,
Auront le cœur touché ;
De tes malheurs ils se riront,
Voilà ce qu’ils diront :

C’est celui qui n’a daigné prendre
L’Éternel pour soutien ;
Il voulait tout seul se défendre ;
Comptant sur ses grands biens ;
Il pensait être assez rusé
Pour toujours s’en tirer.

Mais moi, dont tout l’espoir se fonde,
O Dieu, sur ta bonté,
Je demeure encor en ce monde
Comme un arbre planté,
Un vert olivier au milieu
De la maison de Dieu.

Je veux bénir ta grâce immense,
J’espère en ton saint nom ;
Je dis toujours ta bienveillance,
Car sans fin tu es bon,
Et tes fidèles chaque jour Eprouvent ton amour.

Théodore de Bèze et Marc-François Gonin, Les Pseaumes de David, p.138-139. Vida, 1998 (1562)