Introduction
Je ne fais pas le bien que je veux, mais je pratique le mal que je ne veux pas.
Voici une question à nous poser : Parfois, lorsque nous nous sentons faibles spirituellement, n’avons-nous pas l’impression que nos prières ne dépassent pas le plafond de la pièce où nous nous trouvons, tant nous nous sentons vides, manquant de foi. On prie pour avoir bonne conscience, on prie parce que c’est l’heure de prier, d’une manière rituelle, cela nous arrive. Allons plus loin. Ne remarquez-vous pas quelquefois, – c’est possible et je le dis avec honte, parce que nous ne faisons pas le bien que nous voudrions, mais le mal que nous ne voulons pas – que tout à coup, vous n’avez pas envie d’aller à une réunion d’Église ? Ou même le dimanche vous n’avez pas envie d’aller au culte, que vous redoutez une assemblée générale, c’est long et l’on y soulève bien trop de questions. Ce sentiment, vous ne voulez pas l’avoir, mais vous l’avez quand même. Cela vous arrive-t-il parfois de ne plus trouver en vous les forces pour plaire à Dieu, de ne plus avoir cette bonne conscience dont nous parle l’Évangile ? Et lorsque l’on se trouve au plus bas, peut-être lorsque nous passons par un déclin spirituel, cela vous est-il déjà arrivé de vous demander si vous êtes réellement un chrétien ? Ce sont là évidemment des cas extrêmes. Cela nous arrive parce que nous ne parvenons pas à satisfaire aux exigences de Dieu. Une question encore : lorsque cela nous arrive, lorsque nous sentons que nous péchons gravement, cela fait-il de nous des non-croyants ? Absolument pas ! Heureusement que je mets le « pas ». Absolument pas ! Et je dirai même que c’est tout le contraire. C’est le contraire car – et ici je vous pose encore une question – qui connaîtrait, qui pourrait connaître le poids de son péché s’il n’avait pas auparavant rencontré Dieu ? Seul, celui qui connaît Dieu reconnaît la gravité du péché. Seul, celui qui aime Dieu se lamente du fait qu’il n’arrive pas à Lui plaire.
Paul, l’apôtre qui nous parle dans le texte que nous venons de lire était dans cette situation ; il a expérimenté cela, car c’est lui qui écrit aux chrétiens de Rome : « Je ne fais pas le bien que je veux, mais je pratique le mal que je ne veux pas ». C’est lui qui dit, par exemple, au verset 15 : « Ce que j’accomplis, je ne le comprends pas. Ce que je veux, je ne le pratique pas, mais – ce que je déteste, – ce que je hais, voilà ce que je fais ». N’est-ce pas étonnant que ce soit lui qui ait écrit cela ! Lui qui est un modèle de vie chrétienne, un si remarquable modèle qu’il peut dire de lui-même : « Imitez-moi ! Imitez-moi comme j’imite Christ ! » Mais s’il est un modèle véritable de piété, il l’est aussi dans son humilité, car il a lui-même dit dans une de ses lettres aux Corinthiens : « Si je suis ce que je suis c’est par la grâce de Dieu. » Il le sait, l’apôtre Paul reconnaît qu’il ne peut être fort qu’en Dieu. Mais, comme il l’a amplement exprimé dans ce septième chapitre des Romains, par lui-même il est faible et incapable de tout bien. Sans la grâce de Dieu, il sait qu’il n’est rien. C’est le thème qu’il développe dans Romains 7, son incapacité d’obéir à la loi de Dieu. Non ! pécher ne fait pas de nous des incroyants. Nous sommes chrétiens. Nous expérimentons seulement que nous restons pécheurs, même après notre conversion. Même après la conversion, nous restons pécheurs. Le chapitre sept des Romains nous rappelle cette réalité, cette vérité. Mais heureusement le texte est beaucoup plus positif que cela, car on y trouve un développement. Lorsque nous arriverons à Romains huit, une autre vérité nous sera enseignée : malgré notre état lamentable, Dieu nous accorde de vivre une vie de sainteté rendue possible par les actes sauveurs exprimés entre ces deux parties de notre texte, entre Romains sept qui nous montre le péché de l’homme et Romains huit qui dévoile quelle est la vie de Dieu en nous. Entre ces deux parties, on trouve les quatre premiers versets du chapitre huit qui sont le véritable axe de notre texte. Ils nous font comprendre qu’il est aujourd’hui possible de vivre cette vie chrétienne auparavant inaccessible pour nous, vie qu’il nous est toujours impossible de susciter par nous-mêmes. Entre notre péché et la grâce de Dieu, il y a eu le salut de Dieu qui nous a accordé la justice et par elle le pouvoir de lui être agréable. C’est donc la condamnation de notre incapacité que nous trouvons au chapitre sept et la grâce de Dieu qui se manifeste dans notre vie, au chapitre huit, avec au centre l’œuvre de Dieu qui l’a produite. C’est ici l’expérience chrétienne en ce domaine.
Nous allons diviser notre sermon en trois points. Le premier point, qui traitera de l’expérience du désespoir de nous-mêmes, va du verset 7 au verset 24 du chapitre sept. Un deuxième point, où nous parlerons de l’expérience de la justification, la réponse de Dieu à notre péché, ira du verset 1 au verset 4a du chapitre huit. Et le troisième point, l’expérience de la sanctification qui découle de notre justification, va du verset 4b jusqu’au verset 11 du chapitre 8. Et l’on pourrait donner comme titre à la prédication : Vivez selon l’Esprit et non selon la chair !
L’expérience du désespoir de nous-mêmes
Notre premier point traite du désespoir qui résulte de nous-mêmes. Il s’agit du chapitre 7, les versets 7 à 24. De quoi – encore une question – ce désespoir chez Paul peut-il provenir ? Il vient de la loi. Cette loi a deux effets : elle est impeccable, ce qui va nous causer des problèmes. Et elle est implacable, ce qui va nous causer bien d’autres problèmes encore. Elle est impeccable. C’est ce que Paul cherche à nous dire au verset 7. Et je le lis avec vous :
Que dirons-nous donc ? La loi est-elle péché ? Certes non ! Mais je n’ai connu le péché que par la loi. Car je n’aurais pas connu la convoitise, si la loi n’avait dit : Tu ne convoiteras pas !
Ici Paul doit réfuter un argument qui nous est courant et par lequel nous nous écrions : « Mais ce n’est pas ma faute si je suis pécheur, c’est à cause de la loi, s’il n’y avait pas de loi, je ne pécherais pas ! » Et nous trouvons ici deux mots qui reviennent souvent dans cette épître pour montrer à quel point il est horrifié par un tel développement : « Certes non ! » On retrouve cette expression plusieurs fois dans ses lettres tant il refuse même entendre ce genre de propos. Non, ce n’est pas la faute à la loi si je suis pécheur, même si la loi reconnue a pour effet de provoquer le péché en moi. C’est ce qu’il dit au verset 7.
Pour prendre une illustration, j’aimerais vous poser une question. Peut-on rendre responsable le gérant d’un magasin, parce qu’en mettant des marchandises sur son comptoir, il va tenter les voleurs ? Alors, en mettant des marchandises sur son comptoir, cela va attiser l’instinct du vol chez certaines personnes pour dérober la chose. Mais si l’on dérobe ces marchandises, est-ce la faute du gérant qui les y a mises ? Il a provoqué les voleurs, c’est vrai, mais leur vol ne provient pas de l’action du gérant. La faute est aux voleurs – car il s’agit de vols – qui, en saisissant la provocation du gérant qui a étalé ouvertement ses marchandises, en viennent à voler. Mais ce sont bien eux qui sont coupables. La loi est ainsi impeccable. C’est nous, qui ne le sommes pas. La loi est impeccable, c’est la première chose qu’il faut dire et, puisqu’elle est impeccable, elle devient implacable. La loi révèle le péché (verset 7), c’est ce que nous venons de lire. La loi provoque le péché. Je lis avec vous le verset 8 :
Et le péché, profitant de l’occasion, – donc de la loi, – produisit en moi par le commandement toutes sortes de convoitises ; car sans la loi, le péché est mort.
Il est vrai qu’au moment où le patron du magasin a mis sans surveillance de belles marchandises sur le comptoir, cela provoque quelque chose chez les voleurs. La loi provoque ainsi le péché et au verset 8 nous voyons que la loi finalement condamnera le péché, (verset 9 et verset 10).
Pour moi, autrefois sans loi, je vivais ; mais quand le commandement est venu, le péché a pris vie, et moi je mourus. Ainsi, le commandement qui mène à la vie se trouva pour moi mener à la mort.
La loi n’est pas faite pour nous mener à la mort. Mais cette loi qui devait me mener à Dieu me mène à la mort, ceci en raison de mon péché et non pas par ce qu’elle est. Car je vous rappelle le verset 12 qui dit :
Ainsi la loi est sainte, et le commandement saint, juste et bon.
La loi est bonne parce que Dieu, qui en est l’Auteur, est bon. C’est nous qui ne sommes pas bons. Et c’est là toute la gravité de notre condition. La loi ne peut ni me justifier, ni me sanctifier. Qu’est-ce qui doit alors en résulter ? La conviction de péché. Ma conviction de péché. La Parole de Dieu est un miroir de l’âme. Lorsque nous lisons la Parole-Loi de Dieu, nous nous voyons tels que nous sommes par rapport au Dieu saint. Et quand nous faisons la comparaison, on se voit inévitablement très bas et le Seigneur très haut. Et la cause en est que nous sommes mauvais. Et de cette confrontation résulte la conviction de péché. Paul l’a bien expérimenté pour lui-même. Et c’est ce qu’il dit dans les versets 18 à 23. que je relirai
Car je le sais : ce qui est bon n’habite pas en moi, c’est-à-dire dans ma chair. Car je suis à même de vouloir, mais non pas d’accomplir le bien. Je ne fais pas le bien que je veux, mais je pratique le mal que je ne veux pas. Si je fais ce que je ne veux pas, ce n’est plus moi qui l’accomplis, mais le péché qui habite en moi. Je trouve donc cette loi pour moi qui veut faire le bien : le mal est présent à côté de moi. Car je prends plaisir à la loi de Dieu en moi-même, dans mon for intérieur, mais je vois dans mes membres une autre loi, qui lutte contre la loi de mon intelligence et qui me rend captif de la loi du péché qui est dans mes membres.
Cela revient en fait à dire : « Seigneur, je veux te plaire, mais je n’y arrive pas. Seigneur, je ne veux pas te scandaliser, mais je n’y arrive pas non plus ! » Je ne fais pas le bien que je veux faire, alors que je fais le mal que je ne veux pas faire. Nous aimons sa loi, nous l’aimons. Si nous aimons Dieu, nous aimons aussi ses exigences, les deux choses vont ensemble. Et dans notre vie chrétienne, nous ne connaissons pas mal de batailles perdues face au péché. Nous menons une vie qui est parfois criblée d’échecs. On essaie tout. On produit mille stratégies et l’on opère mille réformes, mais ce qui plaît au Seigneur n’est pas du goût de notre chair. Je voudrais saluer le retour de Théodore Popa parmi nous après deux ans passés à travailler dans une œuvre chrétienne au Niger, dans l’ouest de l’Afrique. Il a écrit, dans sa dernière lettre de nouvelles, quelques mots qui expriment bien ce que Paul cherche à nous dire dans ce chapitre sept des Romains. Et je vous en lis, avec sa permission, un bref extrait :
Durant ces deux ans au Niger, une chose m’est devenue plus claire : Lorsqu’on se propose de faire [la volonté de Dieu] et qu’on s’engage sur le chemin de la persévérance, de la Foi, on constate qu’on est entré dans un combat. C’est-à-dire qu’il existe des ennemis qui s’opposent à notre avancement vers le but, comme des anciens péchés, des faiblesses tolérées depuis des années, des complexes de toutes sortes, de la rancune, des manifestations de notre personnalité insoumise au Christ.
C’est tout à fait ça. Nous voulons par nous-mêmes, je le dis bien « par nous-mêmes » faire du bien, mais nous ne pouvons pas produire ce que nous voudrions pour plaire à notre Dieu. Et quel est le cri de Paul lorsqu’il constate cela ? C’est ce cri magnifique du verset 24 qui exprime tout :
Malheureux que je suis ! Qui me délivrera de ce corps de mort ?
Je me suis souvent posé la question et peut-être pour vous c’est pareil, pourquoi le Seigneur nous laisse-t-il parfois nous débattre, apparemment – je le dis bien « apparemment » – seuls face à des habitudes de péché dont nous avons une peine énorme à nous débarrasser. Pourquoi nous laisse-t-il nous débrouiller « seuls » avec de tels problèmes ? C’est sans doute pour nous faire passer par là où Paul est lui-même passé. Son cri appelle une réponse, car dans ce cri « Malheureux que je suis ! Qui me délivrera de ce corps de mort ? », il y a une question. Et la réponse à cette question se trouve dans son deuxième cri, réponse que l’on trouve au v. 25 :
Grâces soient rendues à Dieu par Jésus-Christ notre Seigneur !
L’un et l’autre de ces cris doivent nous enseigner quelque chose. Le premier à reconnaître notre propre néant, notre impuissance à lutter d’une manière totale contre le péché. Et le second cri – Grâce soient rendues – à attribuer à Dieu toute la gloire qui lui revient d’être venu sur terre pour sauver des pécheurs tels que nous.
Prenons un exemple. Chaque fois que l’on écoute un enseignement, lorsque nous sommes à l’Église, dans une étude biblique, ou lors d’un message donné lors du culte le dimanche matin, c’est tout à fait cela que nous expérimentons et que nous devrions expérimenter. Il est bien vrai que souvent, assis sur notre chaise dans la salle du culte, nous pensons aux invités qui vont venir l’après-midi. On se détache de la prédication. Une telle distraction arrive, paraît-il, à tout le monde. Ou, l’on pense, pire encore, à la lessive. Et puis tout à coup, dans les paroles du prédicateur, quelque chose nous touche. Pourquoi ? Parce que cela nous concerne. Parce que le prédicateur a mis le doigt sur une habitude pécheresse que nous entretenons depuis longtemps. Et ses paroles nous interpellent personnellement. Ces paroles n’ont sans doute pas le même effet sur notre voisin. Nous sommes touchés au vif. Et c’est cela le rôle de la prédication, c’est là le rôle de la Bible. Et lorsque cela nous arrive, n’y trouvons-nous pas la substance de ces paroles, de ces deux cris de l’apôtre Paul ? On ne crie peut-être pas « Malheureux que je suis ! » mais on se dit : « Oui ce qu’il dit, est vrai. Je le savais, mais maintenant que je l’entends, cela me condamne bien davantage. Je laissais faire et maintenant je suis condamné pour ce laisser faire par la parole de Dieu. Malheureux que je suis : Dieu est là et je suis devant lui avec mon péché. Que vais-je donc faire ? » Mais il faut tout de suite ajouter, dans la prédication fidèle comme dans la parole de Dieu elle-même, il y a toujours la consolation qui vient pour celui qui se repent, après la condamnation. C’est cela aussi ce que nous expérimentons. On est convaincu de péché et, en même temps, dans la prédication se découvre la consolation apportée par Dieu lui-même. Et l’on se dit : « Heureusement, ô Dieu, qu’il y a ta grâce ! » Heureusement il y a eu le sacrifice de Jésus, le Christ. Et c’est cette parole de Paul qui exprime cette réalité : « Grâces soient rendues à Dieu par Jésus-Christ notre Seigneur ! » Je suis convaincu de péché, mais heureusement Christ m’a sauvé.
La conviction de péché peut être douloureuse. Elle doit même l’être. Car se lamenter sur notre péché fait partie de notre vie de régénérés. C’est un bon signe, et ce serait même le contraire qui devrait nous étonner : de n’être jamais piqué au vif par un enseignement, par votre lecture personnelle de la Bible, par une exhortation de tel ou tel frère ou sœur. Ce n’est pas un mal que d’être conduit à une juste compréhension de ce que nous sommes face à la sainte loi de Dieu. Non, ce n’est pas un péché. Au contraire c’est montrer qu’on est un adulte, mûri par l’expérience de la Parole du Seigneur. Disons-le franchement : il n’y a pas de vie sainte tant que nous avons bonne opinion de nous-mêmes. Le reconnaître est en effet l’un des premiers pas conduisant à la sainteté.
Se lamenter, s’apitoyer sur sa condition de pécheur, est ici la bonne attitude, l’attitude juste. C’est ce qu’on appelle la tristesse selon Dieu. J’aimerais lire un texte qui parle très bien de cela dans la IIᵉ épître de Paul aux Corinthiens, chapitre 7, versets 8 à 11 :
Si même je vous ai attristés par ma lettre, je ne le regrette pas. Même si je l’ai regretté – car je vois que cette lettre vous a attristés momentanément – je me réjouis à cette heure, non pas de ce que vous avez été attristés, mais de ce que votre tristesse vous a portés à la repentance ; car vous avez été attristés selon Dieu, si bien que vous n’avez subi de notre part aucun dommage. En effet, la tristesse selon Dieu produit une repentance (qui mène) au salut et que l’on ne regrette pas, tandis que la tristesse du monde produit la mort. Et voici : cette même tristesse selon Dieu, quel empressement n’a-t-elle pas produit en vous ! Bien plus ! Quelles excuses, quelle indignation, quelle crainte, quel désir ardent, quel zèle, quelle punition ! Vous avez montré à tous égards que vous étiez purs dans cette affaire.
Voilà ce que produit la repentance selon Dieu. Je vais aussi lire un autre texte qui nous dit que l’on peut être heureux tout en étant malheureux, joyeux malgré le fait que l’on soit triste. Je lis quelques versets dans le livre de l’Ecclésiaste au chapitre 7, les versets 2 à 5 :
Mieux vaut aller dans une maison de deuil
Que d’aller dans une maison de festin,
Dans celle-là se trouve la fin de tout homme,
Et le vivant en prend conscience.
Mieux vaut le chagrin que le rire.
Car malgré un visage triste le cœur peut être heureux.
Le cœur des sages est dans la maison de deuil,
Et le cœur des insensés dans la maison de joie.
Mieux vaut écouter le reproche du sage
Qu’être homme à écouter la chanson des insensés.
Le reproche de Dieu produit un visage triste, un cœur triste, mais au-delà de cette affliction nous sommes heureux parce que nous savons que celui qui se repent est gracié par Dieu. C’est cela la tristesse selon Dieu. Et dans cette tristesse nous sommes joyeux parce que, en dépit de nos fautes nous pouvons recourir à la grâce de notre Dieu. Et justement, si la tristesse est exprimée par le premier cri, ce cri est directement suivi par la joie du deuxième cri de délivrance. Tristesse : « Malheur à moi ! » Joie : « Grâces soient rendues à notre Seigneur en Jésus-Christ ! » Et il n’y a que lorsque le croyant considère à nouveau – parce que c’est quelque chose qu’on oublie – sa juste place, celle d’être humain gratuitement sauvé de la condamnation méritée par ses péchés, qu’il peut à nouveau reconnaître Dieu comme son Sauveur. Lorsque l’on a tendance à oublier la position de pécheur dans laquelle on est, on a aussi tendance à oublier celle du Dieu Sauveur des pécheurs. C’est alors que la vie chrétienne devient plus fade, plus ennuyeuse. Lorsqu’on se rappelle d’où l’on est sorti, d’où Dieu nous a tirés ; lorsqu’on se rappelle que nous ne sommes que boue et que Dieu est la gloire même, alors les choses reprennent leur dimension juste.
La justification
Le problème c’est qu’on l’oublie trop souvent. C’est ce que l’apôtre Paul veut justement nous rappeler au travers des quatre premiers versets du chapitre huit qui nous rappellent la justification. Dieu nous justifie par grâce vu que nous ne pouvons pas nous justifier nous-mêmes au moyen de notre obéissance à sa loi. La justification (chapitre 8 versets 1 à 4a) est notre deuxième point. Jusqu’ici Paul a démontré notre incapacité, liée à la puissance de la chair, de nous soumettre à Dieu. Cela est ainsi, même lorsque nous sommes chrétiens. Nous voulons bien être obéissants, mais nous ne le pouvons pas. Paul va maintenant nous enseigner que c’est la grâce de Dieu qui nous rend capables d’être obéissants. Parce qu’un chrétien obéit, en effet (certes imparfaitement, mais réellement), à la loi de Dieu. C’est la grâce de Dieu qui nous permet de marcher d’une manière qui lui plaise et ceci avec constance. Et ceci, non seulement une fois, mais de manière durable. Nous pouvons lutter contre le péché parce que l’Esprit de Dieu est en nous. C’est ce thème que Paul va développer à partir du verset 4 et jusqu’à la fin de notre texte. Mais pour l’instant, il veut juste nous rappeler l’immense, (mot qu’il faudrait souligner quinze fois), sacrifice de Jésus-Christ qui a fait de nous des hommes nouveaux, revêtus d’une nouvelle nature et ainsi devenus capables de commencer à répondre aux exigences célestes.
Il a fallu, l’apôtre Paul le dit, toute une série de sacrifices de la part de Dieu pour que nous devenions ce que nous sommes aujourd’hui. Il a fallu premièrement que le Verbe de Dieu s’incarne. C’est ce que nous voyons au verset 3.
Car – chose impossible à la loi, parce que la chair la rendait sans force – Dieu, en envoyant à cause du péché son propre Fils dans une chair semblable à la nôtre.
Ici est affirmée l’Incarnation du Fils de Dieu. Dieu s’incarne. Lui, qui était dans la gloire, vient nous rejoindre dans la boue de notre vie. Il a fallu que Dieu s’incarne. Pourquoi ? Afin qu’il expie notre péché. C’est la fin du verset 3 où il est écrit :
Dieu, en envoyant à cause du péché son propre Fils dans une chair semblable à celle du péché, a condamné le péché dans la chair.
Il a condamné le péché, il a expié le péché et cela par cette doctrine presque incroyable, tant elle est belle, que l’on appelle la double imputation et que je vais maintenant essayer de décrire devant vous. C’est une doctrine vraiment merveilleuse qui n’est pas assez prêchée dans les Églises. C’est par cette double imputation que Jésus-Christ nous sanctifie, nous justifie. Souvent on réduit le salut de Jésus-Christ au fait qu’il soit mort pour nous. Si vous posez la question à un chrétien : « Qu’est-ce qui s’est en effet accompli en Jésus-Christ pour qu’il me sauve ? » « Ah, il est mort pour mes péchés ! » C’est certes juste, mais ce n’est pas complet. Car ce n’est pas seulement sa mort qui nous sauve, c’est aussi sa vie. Imaginez simplement ceci : S’il avait été crucifié et qu’au cours de sa vie il ait commis un seul péché, sa mort ne nous servirait à rien. Je ne peux pas mourir pour votre salut, car je suis bourré de fautes. Mais qu’a-t-il donc fait de si extraordinaire au cours sa vie ? Il a obéi à la loi. Et que se passe-t-il lorsque quelqu’un obéit parfaitement à la loi ? Quelque chose qui n’est jamais arrivé à aucun homme, à l’exception de Jésus. Lorsqu’on obéit à la loi, on obtient de Dieu la justice. Cette justice qui nous fait défaut, il l’a obtenue pour nous. C’est cette justice qu’il va nous imputer.
Alors, vous pouvez répondre : « Je ne comprends pas ? Si, en vivant, il a pleinement obéi à la loi, pourquoi doit-il alors mourir ? » Il meurt parce qu’il a pris sur lui notre péché ; il se l’est imputé à lui-même. C’est ici la première phase de l’œuvre de notre salut. Il s’impute à lui-même notre péché. Il se fait pécheur pour nous. Il lui faut donc mourir, mais à cause de nous et non à cause de lui-même. Il meurt donc et prend sur lui nos fautes. Mais n’étant pas pécheur, il renverse la mort et ressuscite le troisième jour. Ajoutons, en passant, que lorsque Jésus-Christ est ressuscité des morts, il a tué la mort pour nous. Il existe un excellent livre de John Owen, livre qui, à la première lecture, est difficile à comprendre et qui a pour titre, « La mort de la mort dans la mort du Christ ». Christ en mourant a tué la mort, il l’a rendue vaine, l’a vidée de sa force. C’est pourquoi ayant la vie éternelle, dans un sens nous ne mourrons plus. Mais ce serait là le thème d’une autre prédication ! Cependant, s’il s’impute à lui-même notre péché et meurt à notre place, il fait plus encore. Il ressuscite des morts et, parce qu’il est juste, parce qu’il a vécu une vie de sainteté face à Dieu, vie en conformité exacte à sa loi, cette justice qu’il a obtenue par ses œuvres parfaites, il nous l’impute. C’est-à-dire qu’il nous donne sa justice. C’est cela la deuxième phase de la double imputation. S’imputant à lui-même notre péché, il le prend sur lui et meurt. Ce qu’il a obtenu par sa vie, la justice parfaite, il nous le donne. C’est sa vie et sa mort qui me sauvent, qui nous sauvent. C’est ce qui est exprimé au verset 4b :
[…] et cela, pour que la justice prescrite par la loi soit accomplie en nous, qui marchons, non selon la chair, mais selon l’Esprit.
Il nous faut sa justice pour vivre et sans elle nous ne pouvons être sauvés. Ce sont les mérites de Christ qui me sont imputés ; ce sont eux seuls qui font que je peux me tenir devant Dieu. Uniquement. La loi nous conduit à la mort à cause de notre péché. La loi le conduit lui à la justice, à cause de son obéissance parfaite. Il prend sur lui notre péché, nos ordures et il met sur nous sa justice. Quel amour !! Quel amour impensable !! Ce n’est pas pour lui que cela est un bien, c’est pour nous. Il prend ce qui est mauvais et nous donne ce qui est bon. Quelle doctrine que celle de la double imputation ! Car c’est toujours au travers des doctrines de la Bible que nous pouvons connaître l’amour de Dieu. Et c’est ainsi que Christ me libère de la loi du péché. Il me libère de la loi, mais comprenez bien ce que je veux dire, il me libère de la loi parce que la loi ne peut pas me sauver, parce que la loi ne peut pas me libérer. Il me libère de la loi, non parce qu’elle est mauvaise, mais parce qu’elle ne peut pas, à cause de mon péché, produire la sainteté dans ma vie.
Maintenant je comprends pourquoi l’apôtre Paul peut s’écrier au verset 1 du chapitre 8 :
Il n’y a donc maintenant – c’est ici son troisième cri – aucune condamnation pour ceux qui sont en Christ-Jésus, qui marchent non selon la chair, mais selon l’Esprit.
En effet, la loi de l’Esprit de vie en Christ-Jésus m’a libéré de la loi du péché et de la mort, parce qu’il a pris sur lui ce que je méritais à cause de la loi, c’est-à-dire, la mort. Il l’a prise sur lui. Il m’a libéré de la mort et par sa justice, justice qu’il m’impute, il me donne sa vie. Il nous a donné sa vie.
Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Christ-Jésus, qui marchent non selon la chair mais selon l’Esprit.
Voilà l’œuvre de Dieu.
Et laissez-moi vous dire à quel point il a fallu que Dieu nous aime. Les Trois Personnes, les Trois Hypostases au sein de la Trinité sont à l’œuvre dans notre salut. Regardez les textes. Il y a Dieu dans sa plénitude Trinitaire. Au verset 3b nous trouvons les trois Personnes divines :
Dieu, en envoyant à cause du péché son propre Fils.
On y trouve là le Père et le Fils. Et, à partir du verset 4, après la virgule, nous trouvons l’Esprit :
… qui marchent non selon la chair mais selon l’Esprit.
Le Père dans son amour donne le Fils. Le Fils dans son amour donne sa vie. Et l’Esprit Saint dans son amour nous applique les mérites du Christ, nous donne la justice du Fils et travaille en nous afin de nous conformer à cette justice. C’est une œuvre pleinement Trinitaire. Nous croyons en la Sainte Trinité. Et si nous n’y croyons pas, nous cassons l’œuvre du salut. Parce que l’amour des Trois Personnes est impliqué dans l’œuvre qui nous sauve. À la croix de Golgotha, Jésus-Christ est à l’œuvre, le Père est à l’œuvre, l’Esprit est à l’œuvre. Et cette justification, opérée par le Christ, va produire dans nos vies la sanctification. Et c’est là notre troisième et dernier point.
La sanctification (Rom. 8, 4b-11)
Le but direct de la justification, c’est de produire en nous la sanctification. Dieu nous aime tellement qu’Il vient jusque dans notre vie pour nous rendre conformes à ce qu’il a obtenu pour nous :
… et cela, pour que la justice prescrite par la loi soit accomplie en nous qui marchons, non selon la chair mais selon l’Esprit. (v. 4)
Il nous a justifiés, maintenant il nous sanctifie. Il faut bien comprendre que ce verset 4 est la charnière entre cette doctrine de la justification opérée par le Christ seul et son œuvre de sanctification qui va se dérouler en nous. Dans ce verset quatre se trouve l’axe entre la justification et la sanctification. Justice obtenue par le Christ pour nous qui va être accomplie en nous par l’Esprit. Ce verset fait office de charnière. Faisons ici un petit bilan. Auparavant c’était l’expérience de nos insuffisances. Maintenant, il s’agit de l’expérience de la vie et de la grâce de Dieu dans nos vies. Il y a un changement. Dieu nous conforme à la justice qu’il a obtenue pour nous.
J’aimerais ici ouvrir une petite parenthèse pour vous dire à quel point je regrette une certaine littérature chrétienne qui tente de colmater les brèches faites à l’âme humaine par les doutes et les angoisses – dont la source se trouve souvent dans nos péchés – en proposant des solutions psychologiques, des solutions humanistes, des solutions provenant uniquement de l’homme. Et quand je parcours un peu certains livres, je dois reconnaître, (il y a heureusement des exceptions) la tendance dans une certaine littérature chrétienne à donner aux problèmes spirituels des hommes, des solutions uniquement humaines. Parce qu’il faut toujours rappeler que le problème de l’homme c’est avant tout celui de son péché. Et comment régler le problème du péché de l’homme ? Par les doctrines évangéliques du salut contenues dans l’Écriture Sainte. Mais comme cela nous démange toujours d’imiter le monde, on essaie de trouver des moyens brillants – et tout ce qui brille n’est pas or – pour soigner les gens. L’Église ne se porte pas bien et beaucoup des membres de nos Églises vont mal et l’on essaie de résoudre ces problèmes par des solutions simplement humaines.
Mais ce n’est pas là ce que fait la Bible. La démonstration en a été faite. Ce n’est pas comme cela que parle l’Écriture. Elle éclaire plutôt la cause de nos maux, la relation de la cause aux effets, de celle qui existe entre Dieu et le péché, entre son œuvre et les conséquences qu’elle peut avoir dans nos vies. Tout est lié : Dieu, notre péché, son œuvre et ses conséquences dans notre vie. Et c’est seulement lorsque nous reviendrons aux doctrines chrétiennes que nous retrouverons le baume de l’Évangile. Car si cet Évangile nous fait, il est vrai, nous écrier : « Malheur à moi ! » c’est lui aussi qui nous fait louer Dieu : « Grâces soient rendues à Jésus-Christ !! » C’est là tout le remède et il n’y en a pas d’autre. Et c’est ce qu’il nous faut dire, quitte à paraître rébarbatif, à sembler toujours répéter les mêmes choses. Tant pis, nous n’avons rien de nouveau à inventer, mais à nous délecter de ce qui a déjà été dit. Et parce que c’est parfait, il n’y a rien à y changer. Et nous allons en faire la démonstration ; cette œuvre de sanctification contient, en elle-même, tous les remèdes dont nous avons besoin. Et ceci, parce que c’est l’œuvre de Dieu, qui par elle se manifeste dans nos vies. Il en découle toute une série de conséquences que nous allons considérer dans les derniers versets de notre texte. Regardons d’abord le verset cinq :
En effet, ceux qui vivent selon la chair ont les tendances de la chair, tandis, que ceux qui vivent selon l’Esprit ont celles de l’Esprit.
C’est ici la première marque de la vie de Jésus-Christ en nous, le bouleversement. Le Seigneur a changé notre vie. Si cela n’avait pas été le cas, nous ne serions pas dans ce lieu de culte. On préférerait dormir un peu plus longtemps après une semaine tuante au boulot. On dirait plutôt : « Mais, j’en ai le droit ; le dimanche, c’est à moi, je dors, je préfère cela ; c’est mon dimanche et je l’ai mérité ». On ne serait pas assis à écouter ce qu’autrefois sans doute, lorsque nous n’étions pas chrétiens, nous prenions pour des balivernes. Le Seigneur a changé notre vie et maintenant, nous voulons être à l’Église. C’est ce que nous ne voulions pas auparavant. Mais maintenant nous le voulons, nous sommes là ; personne ne nous a forcés à y venir ; nous le voulons parce que Dieu produit en nous le vouloir et le faire. Nous voulons ce qui plaît à Dieu.
Il est vrai qu’en nous, nous ne constatons pas que de bonnes tendances. On l’a dit assez. Mais la sanctification est un processus, un processus plus ou moins lent, plus ou moins rapide. Je prends une illustration. Regardez un peu une ville. Il s’y trouve beaucoup de constructions, beaucoup de maisons. Toutes les maisons ne sont pas identiques. Il y en a des grosses et des plus petites. Il y a des maisons qui seront plus hautes et d’autres qui seront plus basses. Et l’état des constructions n’est pas non plus au même point. Il y a des maisons qui sont presque terminées et des maisons qui n’en sont qu’au commencement. Ainsi en est-il de nos vies, parce que Dieu travaille dans nos vies et que nous sommes tous en chantier. Alors il y en a qui sont plus avancés que d’autres. Certains ont été convertis par Dieu il n’y a pas longtemps ; ils en sont au commencement. D’autres sont plus avancés. Mais je suis sûr d’une chose, c’est que si chacun regarde à son parcours spirituel, depuis qu’il a connu Dieu, (ou plutôt que Dieu l’a connu), il peut constater une invincible progression vers la sainteté. Il est vrai que la vie chrétienne ressemble un peu au dessin tracé par un cardiogramme, bien que cette image ne soit pas tout à fait exacte. Le cardiogramme remonte un peu vers le haut, puis redescend vers le bas. Telle est en gros notre vie. Parfois notre vie chrétienne est forte et puis cela va moins bien. Ainsi on remonterait et on redescendrait, comme le cardiogramme.
Mais nous devons constater que la vie chrétienne n’est pas comme cela, qu’elle correspond à un autre dessin. On commence tout en bas, puis on remonte. Depuis là on remonte et pour un temps on vit une bonne vie chrétienne. Certes, on commet des péchés et on retombe, mais jamais aussi bas. Puis on remonte plus haut et on retombe tout à nouveau, et ainsi de suite. Il est vrai qu’on reste pécheur, mais la courbe de notre sanctification chemine irrésistiblement vers cette perfection qui ne sera achevée qu’au dernier jour. Je suis sûr qu’il en est pareil pour votre propre vie. Il y a deux jours, j’ai peut-être commis un grave péché et je suis tombé bien bas. Mais si vous regardez plus loin en arrière et contemplez le déroulement de toute votre vie chrétienne, vous remarquerez que votre connaissance a augmenté et que votre piété s’est, elle aussi, accrue. Ce que nous constatons, c’est qu’au prix de nombreux combats, nous abandonnons progressivement, par la grâce de Dieu et par l’action de l’Esprit en nous, nos anciennes habitudes contraires à la loi de Dieu pour en adopter d’autres qui sont celles d’une vie qui marche selon l’Esprit de Dieu.
La deuxième chose, le deuxième fruit d’une vie véritablement chrétienne, c’est que l’œuvre de Dieu produit la liberté, la vraie liberté. Il est vrai qu’il n’y a rien de commun entre les ténèbres et la lumière, entre la vérité et le mensonge, entre Christ et le diable. Mais, pourtant, en apparence il y a de fortes ressemblances entre ces réalités. Mais je dis bien : ces choses communes le sont seulement en apparence. Le monde, la chair, tout comme la vie de l’Esprit de Dieu, nous offrent tous la « liberté ». Pourtant, l’une de ces libertés conduit à la mort et l’autre à la vie. Vous avez beau réaliser les tendances de votre chair et ainsi faire tout ce que vous désirez, je dois vous rappeler ce que chacun sait déjà, mais que beaucoup d’hommes cherchent à oublier : nous allons tous mourir. Le monde et la chair cherchent la liberté mais c’est une liberté qui mène à la mort. Mais alors, que sert-il à un homme de gagner le monde, s’il perd son âme ? Tandis que l’Esprit de Dieu atteste à tout vrai croyant qu’il a, que vous avez, que nous avons la vie éternelle.
Les deux, la chair et l’Esprit offrent de la joie. Vivre selon la chair, et je parle ici aux jeunes tout spécialement, te donnera certes du plaisir. Ah oui, le monde offre du plaisir. Mais le plaisir, ce n’est pas tout. Vivre selon l’Esprit donnera peut-être moins de plaisir. Dans notre marche chrétienne, nous ne pourrons pas faire tout ce que désir notre chair. Il faut se restreindre, il est vrai. Mais la vie chrétienne nous donne le bonheur. Et entre le plaisir et le bonheur, il y a un monde de différence. Le bonheur, c’est un état permanent, même si, comme on l’a vu, parfois on est triste. Le plaisir par contre ne mène pas au bonheur. Le plaisir est éphémère ; c’est une allumette qui brûle, puis c’est fini. Alors les jeunes, je sais que ce n’est pas évident. A 20 ans, on est immortel, on est éternel, mais je vous supplie, préférez par-dessus tout les choses de Dieu. Elles vous donneront le bonheur, même si vous ne comprenez pas cela immédiatement. La recherche des plaisirs vous conduira au malheur, inévitablement ; c’est cela la vérité. Les deux offrent des valeurs, mais où mettez-vous donc vos valeurs ? Dans les choses temporelles – et ici je vous rappelle que nous allons mourir – ou dans les réalités éternelles ? C’est-à-dire, la joie et le bonheur. Et lorsque nous verrons Dieu que dirons-nous ? Mais qu’est-ce que j’ai bien fait de rester chrétien, évidemment par sa grâce. Vivre selon l’Esprit de Dieu nous assure la jouissance des réalités éternelles. C’est pourquoi dans ce verset six de notre texte, il est parlé de paix en opposition à la mort, de vie en opposition à cette même mort. Avoir les tendances de la chair, c’est la mort ; avoir celles de l’Esprit, c’est la vie et la paix
Troisièmement, l’œuvre de Dieu produit en nous la capacité de faire le bien, cette capacité qui nous fait, par nous-mêmes, si cruellement défaut. Regardez bien ce que dit le verset 14 du chapitre 7 : « Nous savons, en effet, que la loi est spirituelle. » Spirituelle. Prenons garde à cette façon de penser « chrétienne » et qui cherche toujours à opposer la grâce à la loi. Attention. Il est dit ici que la loi est spirituelle. Elle est donc faite pour des hommes eux aussi spirituels, c’est-à-dire qui marchent selon Dieu. Étant spirituelle, elle n’est pas opposée à l’Esprit, qui l’a Lui-même commandée. Si la loi est utile pour les incroyants afin qu’ils puissent par ce moyen reconnaître leurs péchés, elle l’est d’autant plus pour nous autres croyants, afin de nous conduire sur un chemin qui plaît à Dieu. Et le salut une fois reçu, la loi n’est plus un chemin nous conduisant au salut, (nous avons vu que cela est impossible en raison de notre chair), mais un chemin qui, partant du salut et en raison de l’Esprit qui habite maintenant en nous, nous rend enfin capables d’un commencement d’obéissance à la loi de Dieu. Comprises de cette manière, la loi et la grâce ne sont pas des ennemis mais des frères inséparables, inséparables parce que c’est l’Esprit lui-même qui, par la foi, produit en nous l’obéissance à la loi. Et cette obéissance croissante à la loi de Dieu est le fruit de notre sanctification. Le chemin de sanctification est d’observer la loi de Dieu, non pas pour êtres sauvés, mais parce que nous sommes sauvés. C’est là toute la différence. Pour finir, cette œuvre de Dieu en nous nous rend agréables à Dieu. C’est ce que nous voyons aux versets 8 et 9 :
Or ceux qui sont sous l’emprise de la chair ne peuvent plaire à Dieu. Pour vous, vous n’êtes plus sous l’emprise de la chair, mais sous celle de l’Esprit, si du moins l’Esprit de Dieu habite en vous. Si quelqu’un n’a pas l’Esprit de Christ, il ne lui appartient pas.
Pour êtres agréables à Dieu, il nous faut avoir l’Esprit de Dieu. Si nous sommes devenus agréables au Seigneur, c’est tout simplement parce que nous sommes passés d’une domination à une autre. Nous avons quitté la domination de la chair, c’est-à-dire d’une soumission au principe du péché, pour passer au régime de la vie selon l’Esprit. Comment cela s’est-il produit ? Une fois encore, c’est l’œuvre de Christ qui va nous éclairer. Je vais ici employer une formule qui va, à première vue, peut-être vous paraître étrange. Dieu nous a mis à mort. Dieu nous a tués. Il a mis à mort cette ancienne vie que l’Écriture appelle « vaine » et à cette vie ancienne nous sommes morts. Pourquoi morts ? Il est vrai que Jésus-Christ, lorsqu’il était sur la croix, fut seul. Il a enduré pour nous le poids du péché et l’enfer, seul. Mais, d’une manière spirituelle, nous étions en fait avec lui, parce que sa mort au péché nous a personnellement entraînés, d’une manière spirituelle, dans cette mort. En lui, c’est-à-dire dans sa mort, nous sommes effectivement morts à cette vie de péché. Et l’Esprit saint qui a ressuscité le Christ d’entre les morts est le même Esprit qui nous a nous-mêmes ressuscités à la vie éternelle, à la vie selon Dieu. Notre chair est crucifiée avec le Christ et nous avons revêtu la nouvelle nature céleste parce que Christ nous entraîne dans sa mort. C’est cette mort en Christ au péché qui nous conduit à la vie selon Dieu. C’est ce qu’exprime ici l’apôtre Paul par l’expression « vivre selon l’Esprit, non plus selon la chair ».
Une dernière chose pour vous donner du courage : Dieu nous assure un salut total. Pour ceux qui se sont repentis, qui cherchent Dieu de tout leur cœur, qui vont jusqu’à se mépriser eux-mêmes, du fait de l’horreur de leur péché, à ceux-là Dieu donne un salut complet. On avait vu que le problème c’était notre chair, qui est symbolisée par le « corps ». Ce n’est pas que le péché soit à identifier à notre corps. Paul emploie ici le mot « corps » pour indiquer à quel point le péché est enraciné dans notre nature déchue. Car, ne l’oublions pas, notre corps lui-même sera pleinement sauvé. C’est ce qu’il exprime aux versets 10 et 11 :
Et si Christ est en vous, le corps, il est vrai, est mort à cause du péché, mais l’Esprit est vie à cause de la justice. Et si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité le Christ-Jésus d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous.
Nous sommes donc pleinement sauvés, mais notre corps sera renouvelé et recevra les effets du salut, seulement lors de la résurrection. C’est pourquoi, en ce moment, nous vieillissons et nous mourons. C’est pourquoi nous tombons malades. Mais Dieu nous assure que notre corps est lui aussi sauvé et qu’il recevra la manifestation du salut, le résultat complet de ce salut à la fin, au dernier jour.
Dieu nous a sauvés entièrement, il n’a pas oublié notre corps. Cette chair qui nous fait encore trébucher aujourd’hui, qui s’attaque à notre nouvelle nature, sera bel et bien brisée. C’est pour cela que nous pouvons être si positifs, si optimistes, si remplis d’espérance, parce que le salut, qui est déjà achevé en Jésus-Christ, se manifestera d’une manière irrévocable et parfaite, lors de la résurrection des morts et du renouvellement de toutes choses. C’est pourquoi, déjà aujourd’hui, nous tendons irrémédiablement vers la perfection parce que la victoire est déjà acquise et à la fin, au dernier jour, notre corps lui aussi sera sauvé.
C’est sur cette note que j’aimerais finir, par la lecture d’un texte qui exprime bien cette réalité complète, texte tiré du chapitre 15 de la Première lettre de Paul aux Corinthiens, les versets 42 à 49 :
Ainsi en est-il de la résurrection des morts. Semé corruptible, on ressuscite incorruptible. Semé méprisable, on ressuscite glorieux. Semé plein de faiblesse, on ressuscite plein de force. Semé corps naturel, on ressuscite corps spirituel. S’il y a un corps naturel, il y a aussi un corps spirituel. C’est pourquoi il est écrit : Le premier homme, Adam, devint un être vivant. Le dernier Adam est devenu un Esprit vivifiant. – Le dernier Adam est en Jésus-Christ. – Le spirituel n’est pas le premier, c’est ce qui est naturel ; ce qui est spirituel vient ensuite. Le premier homme tiré de la terre est terrestre. Le deuxième homme – nous avec notre nouvelle nature – vient du ciel. Tel est le terrestre, tels sont aussi les terrestres ; tel est le céleste, tels sont aussi les célestes. – Nous sommes déjà célestes. – Et de même que nous avons porté l’image du terrestre, – nous la portons – nous porterons aussi l’image du céleste.
Tout cela est possible parce que l’œuvre Trinitaire de Dieu, l’amour du Père, le sacrifice du Fils et le don de l’Esprit nous permet de vivre une vie chrétienne obéissante à la loi, vie qui plaît ainsi à Dieu. Nous ne vivons pas comme des êtres charnels, non, mais bien comme des êtres spirituels parce que nous vivons selon l’Esprit qui nous anime par sa grâce. Amen.
Anthony Chopard[1]
[1] Prédication donnée à l’Église Réformée Baptiste de Lausanne, le dimanche 27 juin 2004. Anthony Chopard travaille à la commune de Lausanne et en Côte d’Ivoire comme missionnaire. Lectures : Psaume 38 et Romains 7:7 à 8:11.